mercredi 15 août 2007

Expulsions de sans papiers ... mise en danger de la vie ?

une minute pour vous inviter à prendre connaissance du court article publié ce matin dans Libération au sujet de l'intervention policière à Amiens le 9 août à 7 heures du matin, en vue d'arrêter et expulser une famille russe en situation irrégulière.

D'abord dire qu'il est dommage d'en arriver à la chute du quatrième étage d'un gamin terrorisé, pour réaliser la barabarie et la violence d'Etat dont sont victimes des familles par milliers ; mea culpa, car comme souvent je ne suis que vaguement touché par les nouvelles qui finalement paraissent lointaines ; et sans doute réagissons-nous tous plus ou moins de cette façon (pas le temps, trop de préoccupation personnelles, professionnelles, etc.).

Visiblement ces méthodes sont très largement favorisées par la politique des quotas émanant du gouvernement et en particulier du ministère de B. Hortefeux qui éxige 125000 interpellations pour l'année 2007 dont 25000 débouchant sur des expulsions.

Je crois que c'est un sujet sur lequel il faut se mobiliser. La désobéïssance civique est un devoir dans un pays comme le notre lorsque les droits de l'homme sont bafoués ; et c'est le cas dans cette affaire me semble-t-il.
Une piste me parait évidente aujourd'hui pour rejoindre un réseau d'action et d'information : le réseau d'éducation sans frontière dont voici le lien vers le site : http://www.educationsansfrontieres.org/


lien vers l'article de liberation http://www.liberation.fr/actualite/societe/272375.FR.php

copie de l'article :

«La police a mis en danger la vie de cet enfant»
A Amiens, la famille d'Ivan est défendue notamment par Me Vergès.
Par PATRICIA TOURANCHEAU QUOTIDIEN : mercredi 15 août 2007

Bouleversée et blême, Natalia Aboueva, 29 ans, russe en situation irrégulière et mère du garçon qui a chuté du 4e étage pour échapper aux policiers venus les chercher, n'a pas dit un mot hier à la conférence de presse organisée par ses avocats, Me Jacques Vergès et Francis Lec, à Amiens, qui accusent «l'Etat d'avoir commis une faute manifeste». Son mari Andreï Demsky, 33 ans, Ukrainien, sans-papiers, baisse la tête sous sa casquette en jean, prostré. Ils vont deux fois par jour à l'hôpital voir leur fils unique, Ivan, 12 ans, victime d'un traumatisme crânien et de lésions cérébrales, toujours dans le coma.
Ils gardent espoir car Ivan a ouvert les yeux. « Il est sorti de l'état critique», a dit le père.
«Bruit effrayant.»  Les parents ignorent les séquelles éventuelles de sa chute «provoquée» selon Me Vergès «par l'action démesurée et disproportionnée de la police venue les arrêter» le 9 août à 7 h, sur ordre du procureur et du préfet. Sans attendre la décision du tribunal administratif qui devait se prononcer sur le recours de la famille contre un arrêté provisoire de reconduite à la frontière. «Est-ce un procédé normal d'envoyer une quinzaine de policiers au lever du jour tambouriner pendant une heure sur la porte de gens qui ne sont pas des gangsters puis essayer de la défoncer?, interroge Jacques Vergès. Ce bruit épouvantable et effrayant crée forcément une panique chez cet enfant qui essaie de s'enfuir par le balcon et tombe».
Dans la petite HLM du 2 rue Ravel à Amiens, tout le monde a entendu ce «vacarme». «Catastrophée», la voisine, Claudette Makamute, voit par sa fenêtre Andreï, Natalia et Ivan, terrorisés, réfugiés sur leur balcon.
Elle prévient les policiers sur le palier qu'ils «risquent de se jeter par la fenêtre». On lui répond «Taisez-vous madame, calmez-vous.» Aux côtés des avocats et des victimes, Claudette a répété hier : «J'ai supplié les policiers d'arrêter car il y avait danger. Si le personnel de la police m'avait écoutée et était venu à ma fenêtre, peut-être qu'ils auraient rassuré Andreï et qu'il n'aurait pas sauté.» Le père a tenté de s'en sortir en sautant sur le balcon du dessous. Son fils Ivan l'a suivi et a chuté. Claudette a vu Natalia prête à sauter à son tour. Elle a foncé sur le palier sous le nez des flics, a hurlé à Natalia : «Ouvre-moi, ouvre-moi.» Ce qu'elle a fait, plutôt que de se jeter dans le vide.
C'est le bruit strident d'une perceuse utilisée pour forcer la porte qui avait fait paniquer Natalia et Ivan juste avant qu'il enjambe le balcon. La mère avait raconté le lendemain à l'AFP les coups redoublés sur la porte qui les réveillent à 7 h , les coups «de plus en plus intenses» . «Ils la défoncent presque. Ivan pleure, m'embrasse. Je suis choquée. Je n'arrive à composer aucun numéro, mes doigts appuient sur les mauvaises touches.»
Excellent élève.  Me Vergès a lu hier les bonnes notes (16, 5 en français, 16, 7 en maths, 15, 7 en histoire-géo, 17, 5 en anglais) de cet «excellent élève qui apprend mieux qu'un Français de souche et qu'on veut expulser à l'aube par un commando. Cet enfant, Français de volonté, doit rester en France.»
Ses parents ont fui Grozny, la capitale tchétchène, et ont débarqué à Amiens en août 2004 car «le père de Natalia, combattant tchétchène a voulu enrôler Andreï et le convertir à l'islam, ce qu'il a refusé et ce qui a entraîné des menaces», explique Catherine Renaud, la marraine républicaine de la famille, membre du Réseau éducation sans frontière (RESF). Ils ont réclamé en vain en France le statut de réfugié politique.
Les avocats ont demandé hier la régularisation de toute la famille jusqu'à ce que l'enfant n'ait plus de séquelles de son accident. Ils ont aussi réclamé une véritable enquête «confiée à un juge indépendant» et non pas à la seule IGPN, la police des polices.
«Nous demandons à l'Etat de reconnaître sa responsabilité car la police a mis en danger la vie de cet enfant, a déclaré Me Francis Lec, et de prendre en charge tous les frais médicaux d'Ivan.» Me Vergès, en citant le général de Gaulle, veut que «la France se montre grande et généreuse».
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Salut et Fraternité